QUEL EST LE FOU ? LE MONDE OU MOI ? (E. Pottier)

QUI SUIS-JE ?

Au boulot : «Vous devriez changer de métier.»

A la fac : «Jeune homme, votre place n’est pas ici !»

J’en ai conclu que ma vie était ailleurs...

En 1973, ça commençait à sentir le roussi, la fin des Trente Glorieuses, le pétrole s’échauffait - déjà ! - ; j’ai décidé d’attendre l’automne 74 pour toucher du doigt l’amplitude terrestre ; ça m’a paru froid et grand : j’ai donc gardé mon casque et mon lance-flammes...

Après ça, j’ai têté du Renaud au biberon, de l’Higelin en perfusion, du Thiéfaine au quatre heures, du Brel à la braise, du Brassens en pâté, du Ferré en papillotes, du folk et du blues, du punk au réveil et du rock en trois dimensions ! Et puis, j’ai découvert Dylan etje ne m’en suis jamais remis.Un keupon édenté m’a un jour donné un harmonica, j’ai soufflé dedans toute la nuit et ne l’ai plus quitté. La guitare a suivi... je cherche toujours le mode d’emploi. Quand je serai grand, j'aimerais bien être Hank Williams III pour faire de la country/punk.De textes en nouvelles, j’ai brodé mon canevas, passé les fers à ma muse indolente, et j’ai fini par tamiser et composer une bonne quarantaine de chansons. Eugène Pottier (l’auteur de l’Internationale !) m’est tombé entre les pattes, j’ai craqué pour le style et le propos ; j’ai mis plus d'une trentaine de ses textes en musique.

Fier comme un coq, j’ai attaqué la scène bille en tête et en solo, les tripes et le couteau entre les dents, les jambes tremblantes. On m’a dit : “Bingo ?”, j’ai dit : “Banco !“ et j’ai continué...

Après un, deux, trois, quatre, cinq concerts, je me suis dit : il te faut aussi des musiciens ! Après un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit... essais, j’en ai testé un pendant toute sa garantie, puis je l’ai rapporté pour être remboursé. Manque de bol, le modèle était dépassé. Bref. Il y a eu aussi des violonistes, des bassistes, des guitaristes, etc. J'ai eu plein de formations différentes plus ou moins heureuses avec notammentDamien Merllié à la basse et David-Olivier Paturel au violon. Et puis, j'ai croisé la route de Fred Muller, guitariste hors-pair qui est présent sur de nombreux titres avec un son tout en finesse, subtilité et rock’n’roll.

J’ai fait des bars parisiens, des barbecues, des bar-tabac, du baratin et du baragouin, des barricades, des bistrots louches et malhonnêtes. plus de cent cinquante dates, quand même, entre 2002 et 2009. Je me suis fait la main et quelques ampoules... J’ai chanté Noël pour des enfants handicapés mentaux, E. Pottier pour les professeurs-stagiaires de l’IUFM et pour les anars de la CNT, à la CGT, chez LO,dans la rue ; j'ai chanté mes chansons dans tous les bars de Paname, et me voilà ! Seul ou accompagné, j’ai des tas de chansons dans mes tiroirs, des esquisses dans ma mémoire, des traquenards dans ma guitare...

Et puis, quoi ? Chaque jour, j’écris la suite...

Sébastien Ducret